l’Intelligence artificielle va révolutionner la photo, mais pas mes photos

Il y a un mois de cela, une personne vexée d’un de mes commentaires sarcastiques, m’a dit “Toi le photographe, avec l’Intelligence Artificielle, tu n’auras bientôt plus de travail”. J’étais cassééééé !!!

Alors, pour ce brave garçon et pour tous les autres qui pensent cela, je vais faire un petit point.

Oui, l’IA va révolutionner la photo, mais pas mes photos. Je m’explique.

J’utilise l’IA tous les jours dans mes logiciels et c’est pour moi une avancée extraordinaire, Adobe me permet de gagner un temps énorme sur les détourages, sur la suppression de défauts et plein d’autres choses qui étaient laborieuses.

Mais lorsque l’on parle de l’IA dans la presse, on sous-entend l’IA générative avec des photos du Pape en doudoune ou de Macron sur des barricades et je comprends que cela puisse faire peur et inquiéter certains de mes confrères qui tirent leur revenus de banque d’images.

Mon travail consiste à arpenter les usines, les ateliers, les chantiers pour des entreprises qui ont compris qu’aujourd’hui, la clé de la communication et que pour développer sa marque employeur, il faut miser sur l’authenticité.

Lorsque je rencontre des clients, je leur dis que mon travail n’est pas axé sur la prise de vue, mais que la majeure partie de mon temps, je le passe à discuter avec mes sujets, je m’intéresse à eux, à leur travail, je leur pose des questions. Cette interaction va permettre de briser la glace et de les mettre en confiance pour les présenter sous leur meilleur jour.

Et lorsque les personnes voient mes photos encadrées dans les hall de l’entreprise, dans les ateliers ou sur les flyers, il y a une vraie fierté d’être valorisé ainsi. Et c’est à ce moment que les employés deviennent les meilleurs ambassadeurs de leur entreprise.

Essayez de faire ça avec de l’intelligence artificielle…

Des domaines touchés de plein fouet

On ne va pas se mentir, les banques d’images ont du souci à se faire pour leur chiffre d’affaires. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si elles se sont toutes lancées dans l’IA comme adobe avec Firefly ou shutterstock qui collabore avec OpenAI, un des leaders du marché de l’image IA.

Le plus embêtant c’est pour les photos reporters. Nous connaissons tous l’état de la presse en France et en Europe. Les budgets photos ont déjà fondus comme la mer de glace à Chamonix ces dernières années alors, quand des sociétés proposent de créer une infinité de photos pour un budget modique, les rédactions ne vont pas hésiter longtemps.

Mais où sera la vérité, si un photographe n’a plus besoin de se déplacer et qu’un journaliste aura juste à décrire la scène à l’IA la créer ?

Avec les photos on avait encore une bribe de vérité, certes une vision d’un photographe parfois partiale qui pouvait faire dire à ces images ce qu’il voulait, mais la personne qui truquait une photo était un falsificateur, et était couvert d’opprobre lorsqu’il était démasqué. Mais qu’en sera-t-il avec l’IA ?

Bien plus qu’une nouvelle technologie, de nouveaux usages

Comme toute nouvelle technologie, il va nous falloir du temps pour l’appréhender. Le problème, c’est qu’à la vitesse où vont les avancées (et bientôt l’arrivée de l’IA dans la vidéo), le législateur et les usagers ont toujours un métro, voire une rame entière, de retard.

Bien plus que la technologie, ce sont les usages et les règles qu’il va falloir réinventer, mais également se poser les bonnes questions : Comment rémunérer les photographes dont les photos sont utilisées pour créer l’IA ? Est-ce qu’une photo créée par l’IA appartient à celui qui a fait le prompt ? Doit on mentionner l’utilisation de l’IA dans la presse ?

Vous avez sûrement compris que l’IA n’inquiète pas mon business mais me questionne sur l’avenir de la photographie. Affaire à suivre….

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